C'est encore un désir de domination qui peut inciter à juger. C'est pourquoi, dans le passage déjà cité, Paul écrit: « Toi, qui es-tu pour juger un serviteur d'autrui? ». Qui juge son prochain s'érige en maître, et il usurpe, de fait, la place de Dieu. Or nous sommes appelés à « regarder les autres comme nos supérieurs » (Philippiens 2, 3). Qui es tu pour juger ton prochain sur. Il ne s'agit pas de se déconsidérer soi-même, mais de se mettre au service des autres au lieu de les juger. Est-ce que renoncer à juger conduit à l'indifférence et à la passivité? En une même phrase, l'apôtre Paul utilise le mot juger dans deux sens différents: « Cessons de nous juger les uns les autres: jugez plutôt qu'il ne faut rien mettre devant votre frère qui le fasse buter ou tomber » (Romains 14, 13). L'arrêt des jugements mutuels ne conduit pas à la passivité, mais elle est une condition pour une activité et des comportements justes. Jésus n'invite pas à fermer les yeux et à laisser les choses aller. Car aussitôt après avoir dit de ne pas juger, il continue: « Un aveugle peut-il guider un aveugle?
Lui qui de plus est censé nous avoir créé? La phrase "Qui suis-je pour juger mon prochain? " dans un contexte religieux, outre le fait qu'elle présuppose un dieu, semble valider le principe de jugement comme le sommet de la sagesse, ce qui n'est pas le cas, comme expliqué plus haut. Allons plus loin. Si de plus nous sommes censé aimer les autres comme nous mêmes, par réciprocité, nous sommes censé nous aimer comme nous aimons les autres. En effet, pourquoi faire le bien d'autrui serait bien et faire le bien de soi serait mal? "Qui es tu pour juger ? "Jacques 4:12. - Église Protestante Unie Manche Sud. Et pourtant, l'on trouve abondance de phrases dans la Bible demandant de se repentir. En d'autres termes, de se juger négativement soi-meme. Donc on ne devrait pas juger négativement les autres, mais se juger négativement soi-meme? L'analogie de la poutre et de la paille est en ce sens revelateur d'un tel biais, puisque l'on considère que la personne qui pointe le doigt a necessairement beaucoup plus à se reprocher que ce qu'elle reproche. Ainsi, si je ne suis pas Dieu pour juger les autres, eh bien, je ne suis pas Dieu non plus pour me juger moi-même.
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